Depuis sa création en 2019, le PER (Plan d’épargne retraite) n’en finit pas de faire parler de lui. La principale cause ? L’économie d’impôt sur le revenu que vous pouvez réaliser en y effectuant des versements. Mais concrètement, à quoi correspond ce « coup de pouce » fiscal et comment faire pour bien l’utiliser ?
L’avantage fiscal du PER
L’avantage fiscal du PER correspond à une déduction fiscale : le montant des versements volontaires effectués sur votre contrat va être déduit des revenus imposables que vous déclarez l’année suivante. La base servant au calcul de votre impôt ainsi diminuée, votre imposition baisse.
En bref : vous faites un versement sur votre PER en 2024, vous déduisez le montant versé des revenus que vous déclarez en 2025, et vous payez moins d’impôts cette même année !
Les versements volontaires sur le PER ne sont intéressants que si vous êtes imposé sur le revenu.
Il s’agit d’un mécanisme tout à fait différent du celui de l’assurance vie. Sur cette dernière, vos versements n’ouvrent droit à aucun avantage. Mais la fiscalité est attractive au moment de récupérer votre capital. Pour optimiser votre gestion patrimoniale, vous pouvez cumuler ces 2 contrats, et y répartir votre épargne en fonction de vos besoins.
La déductibilité ne s’applique pas par défaut, vous choisissez d’en bénéficier ou non. A chaque versement sur votre contrat, vous devez expressément indiquer à votre assureur s’il sera déduit ou non de vos revenus. Veillez également à indiquer les montants à déduire dans la déclaration de revenus au paragraphe 6 : « Charges déductibles » puis « Epargne-retraite ».
Quel est le plafond de la déduction d’impôt ?
Le montant des versements qui ouvrent droit à la déduction fiscale est plafonné. On parle de plafond de déductibilité ou de disponible fiscal.
Au-delà de ce montant, vous pouvez bien évidemment alimenter votre PER. Mais ces versements ne seront plus déduits de vos revenus.
Votre plafond est annuel, et peut changer d’une année sur l’autre. Son montant est indiqué dans votre déclaration d’impôts, dans la rubrique « plafond épargne retraite ». Mais ce n’est pas automatique. S’il n’apparaît pas vous devez alors en faire la demande auprès de l’administration fiscale.
En savoir plus sur le calcul plafond de déductibilité.
Notez bien que le disponible fiscal est commun à tous les contrats d’épargne retraite éligibles à la déduction (PERP, Madelin, PER Collectif, Obligatoire, Individuel et Perco). Chaque versement effectué sur l’un de ces contrats est à soustraire de votre plafond de déduction global.
Vous devez aussi prendre en compte, si vous êtes salarié :
- Les versements obligatoires de votre employeur ou de vous-même de l’année n-1 sur votre article 83, PER Obligatoire ou PER Collectif ;
- L'abondement effectué par votre employeur sur le PER Collectif (Pereco) ;
- Les jours de congés versés sur un Compte épargne temps (CET) et affectés au PER (Obligatoire, Collectif ou Unique), dans la limite de 10 jours.
Si vous êtes travailleur non salarié, sur l’année en cours :
- Les versements volontaires que vous avez effectués sur un PER ou un Madelin ;
- L’abondement de l’entreprise versé sur le Perco ou sur le PER Collectif.
Notez qu’il existe des mécanismes de report sur 3 ans et de mutualisation entre les conjoints faisant déclaration commune qui peuvent augmenter votre disponible fiscal sur l’année N (ces dispositions ne s’appliquent pas si vous êtes travailleur indépendant et que vous déduisez vos versements de votre bénéfice imposable).
En savoir plus sur le report et la mutualisation du disponible fiscal.
Quelle réduction d’impôt avec un PER ?
L’économie d’impôt réalisée dans le cadre d’un PER dépend de votre Taux marginal d’imposition (TMI), c’est-à-dire du taux appliqué à la tranche la plus haute de vos revenus.
Schématiquement, plus vous êtes imposé, plus la réduction d’impôt est importante. Le mécanisme devient réellement intéressant à partir d’un TMI de 30 %, et l’est substantiellement entre 41 % et 45 %.
La contrepartie de la déductibilité : la fiscalité « à la sortie »
Le PER peut être un outil de défiscalisation intéressant, mais il ne faut surtout pas négliger la fiscalité qui s’applique « à la sortie ». En effet, le coup de pouce fiscal n’est pas sans contrepartie.
Si vous choisissez la déductibilité de vos versements, votre épargne est entièrement soumise à l’impôt sur le revenu (qu’il s’agisse d’une rente ou de capital) au moment de la récupérer une fois la retraite. Dans certains cas, l’avantage fiscal « à l’entrée » peut-être finalement annulé « à la sortie ».
Dès lors, quel est l’intérêt de la déduction ? Ce mécanisme part du principe que vous avez un TMI plus faible à la retraite que pendant votre vie active. Ainsi, entre le moment où vous réalisez une économie d’impôt via vos versements et le moment où votre épargne est réintégrée dans le barème de votre impôt, la différence de taux d’imposition vous est favorable. En d’autres termes, plus la différence d’imposition entre votre vie active et votre retraite est importante, plus votre gain est élevé.
Si vous renoncez à la déductibilité, seules les plus-values de votre capital sont alors imposées. Ce qui est normal, étant donné que vous n’avez profité d’aucun avantage fiscal en versant sur votre contrat.
En savoir plus sur la fiscalité du PER.
Comment utiliser la déduction d’impôts ?
Le montant des versements éligibles à la déductibilité est plafonné et commun à l’ensemble des contrats d’épargne retraite qui ouvrent droit à cette déductibilité.
Avant d’opter pour la déduction, regardez si l’économie d’impôt éventuellement réalisée est suffisamment intéressante pour vous.
Gardez également en tête la fiscalité « à la sortie ». Il peut être intéressant d’avoir une idée de l’éventuel taux d’imposition que vous aurez à la retraite. Vous avez ainsi tous les outils pour connaître votre économie d’impôt réelle.
Enfin, vous pouvez réinvestir les sommes ainsi économisées sur un autre contrat d’épargne comme l’assurance vie, que vous ferez fructifier au fil du temps.
Si le PER peut-être intéressant fiscalement, ne perdez pas de vue qu’il est dédié à un projet retraite. Votre épargne est bloquée jusqu’à cette échéance, sauf cas de déblocage anticipé expressément prévu par la loi. Si vous avez besoin d’un capital disponible à tout moment, orientez-vous vers un autre produit d’épargne, comme l’assurance vie par exemple.